GIRY DANIEL
BIOGRAPHIE
Avec Daniel Giry, l'image devient un pur phénomène sensitif. Dans le décor, l'instant qu'il saisit, le photographe s'évanouit, disparaît, se confie entièrement (figurez-vous le lâcher-prise d'un base-jumper quand il se livre au vide) à l'image pour capter, telle la vie l'esprit de la lumière, ce qu'il en a ressenti comme le moment, le lieu de révélation.
Comme l'émergence du chaos, l'espace lui-même, le point d'interaction, de combinaison sacrée. Là où l'évidence de la perfection s'apparente à une naissance.
A l'image, le photographe fait place à l'instinct, à ce qui anime le for intérieur, l'étymologie même du mot. Il ne discourt pas devant l'image, il ne paraphrase pas, il la bâtit en son sens même. Roland Barthes parlait de punctum, ce point de pénétration dans l'image, d'amorce de son expressibilité dans l'oeuvre, Daniel Giry l'imposerait-il non plus seulement à un élément, mais à l'ensemble ? A la fois récolte et semence, la photo détient alors une cosmologie instantanée. Révolution sur elle-même déterminant des champs d'expressions abandonnées à eux-mêmes.
Désormais à l'écart de l'emballement médiatique permanent, il retrouve la voie de la rencontre "avec les gens pour raconter, en photos, des histoires. Je ne veux plus travailler que sur des sujets sociaux et écologiques. Tout est là. Prendre du temps pour travailler sur des thèmes et les mener à terme". Bouger, l'inaction ne lui sied pas, se mettre en situation de relation, d'introduction dans la multitude des histoires en marche composent aujourd'hui un photographe, visionnaire, en pleine possession et libération de l'image et de son contenu.
Il ne vous parlera pas de ses photos, elles vous parleront !
Luc Monge, Albertville, journal "La Savoie" novembre 2012